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Where is my mind?

Ce que nous avons vécu depuis une semaine, me fait furieusement penser à la fin de ce film culte, paroles comprises : la BNS tellement schizophrène qu’elle est obligée de se tirer une balle dans la mâchoire pour revenir à la réalité ; cette même BNS qui se retrouve ayant perdu son pantalon, main dans la main avec les marchés, par ailleurs terrorisés, à contempler l’ampleur du désastre. « Very strange time ».

Petit récapitulatif :

Nous avons été spectateurs la semaine dernière de l’explosion du taux plancher de la BNS dont la déflagration a porté notre franc national vers des hauteurs jusque-là inexplorées, notamment vis-à-vis de la monnaie unique, à 0.85172.  La violence du mouvement, près de 30% (du jamais vu sur la devise d’un pays développé), témoigne d’une part de l’étendue des déséquilibres créés par la BNS depuis l’instauration de taux plancher et d’autre part de l’ampleur de la stupéfaction du marché quant à ce qu’il perçoit comme une trahison de la part de la BNS.

La BNS a justifié son choix en invoquant le fait que compte tenu de la hausse de l’USD et les pressions s’exerçant sur l’EUR, le taux plancher de 1.20 était devenu intenable. Comprendre : ça leur coûtait trop cher. Rien qu’en décembre, les pertes que la BNS a enregistré liées à la défense de ce cours se sont élevées à quelques 30 milliards de francs suisses. Si on ne peut qu’acquiescer sur le fond, la forme de cette décision est plus que surprenante. Paraît-il que c’était le but… Personnellement, il me paraît peu judicieux (pour ne pas dire autre chose) qu’un pilote coupe le moteur de son hélico parce qu’il se rend compte qu’il n’a plus d’essence : les passagers se retrouvent aplatis sur le plafond de l’engin comme des crêpes, ceux qui étaient attachés retrouvent leur coccyx à la place de leur nez et pour le reste, ils finissent cramés ou boulottés par les crocodiles.

Toujours est-il qu’en agissant ainsi la direction de la BNS s’est exposée au feu nourri des critiques, se faisant traiter de tous les noms d’oiseaux. Le degré de vulgarité de ces injures n’a d’ailleurs pas forcément trouvé son origine dans la catégorie socio-professionnelle de leurs émetteurs mais plutôt dans l’étendue de l’exposition de ces derniers. J’ai envie de leur dire que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, que une couverture gratuite, ça n’existe pas. Est-ce que c’est la BNS qui s’est amusée à vendre  à fond des puts 1.19 pendant trois ans pour empocher gratos la prime? Non. Est-ce que c’est la BNS qui écrivait les milliers de papiers de recherche des banques d’investissements recommandant d’être long USDCHF à 1.02 ? Non. Est-ce que c’est la BNS qui en ne se couvrait pas pour gagner du spread ? Non. La critique est comme souvent un peu trop facile. Alors effectivement personne n’était couvert et encore moins long CHF, et tout le monde y a perdu beaucoup continueront de souffrir. A part peut-être les frontaliers, et encore, pour ceux qui n’ont pas fait de vente à terme à 1.25 en se disant, sur les conseils de leur « chère » banque, que l’EURCHF allait finir à 1.50.

Morale de l’histoire : ne jamais faire confiance à une Banque Centrale. Morale numéro deux, d’ailleurs, ne jamais faire confiance à une banque tout court.

Hier, jeudi 22, était attendue avec une certaine impatience et une fébrilité immodérée l’annonce du plan d’injection de liquidités de la part de la BCE. La volatilité est restée élevée sur toutes les paires EUR, et les détails du plan n’ont pas déçu les marchés malgré toutes les fuites plus ou moins organisées qui ont précédées la conférence de Mario Draghi. En résumé ces mesures consistent en un rachat pour 60 milliards d’euro par mois d’obligations, et ce pour une période initiale de 20 mois, soit une injection de 1’200 milliards. Plutôt massif, surtout quand on pense que ce rythme de 60 milliards par mois, c’est le même que celui de la Fed au plus fort de son intervention…

La volatilité sur l’EUR s’est quelque peu normalisée aujourd’hui vendredi par rapport à la semaine précédente mais continue d’être très élevée notamment en raison de l’élection grecque de ce week-end. La grande peur réside dans la probabilité non négligeabl que le parti  de gauche radicale Syriza sorte vainqueur et que son leader Alexis Tsipras remette en cause le plan d’austérité en cours, ouvrant la porte à une sortie de la zone euro du pays d’Achille (certains de nos lecteurs avertis y verront un sens prémonitoire, en rapport avec l’histoire d’un talon, décidément plus que vulnérable).

Ce que nous pensons, au-delà de notre humour bon marché et nos morales éculées :

  • EURUSD on se dirige vers 1.0000
  • USDCHF vers 0.9000
  • Et donc par conséquent, les matheux parmi nous auront rapidement compris que l’EURCHF va finir autour des 0.9000.

Horizon: 12 mois.

Voilà, pour nous se fût une honneur de vous avoir comme lecteur et ce sera exceptionnel si vous le restiez.


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